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analyse
Mouais mouais mouais... Bon, d'habitude je trouve assez pertinent ce qu'écrit Guy Birenbaum, mais là je pense qu'il se plante un tantinet, et je peux même tenter de l'expliquer par des stats (ce qui est aussi l'un des objectifs de cette veille).
Résumons : M. Birenbaum pense que les médias se sont à nouveau loupés en taxant la sortie de la fille Le Pen sur les otages libérés de "dérapage". S'appuyant sur son travail de thèse étalé dans les années 1980-1990, il explique qu'en réalité le FN a toujours eu cette stratégie double : d'un côté on s'adapte au jeu politico-médiatique pour avoir des tribunes, de l'autre on "dérape", mais sciemment, pour donner des gages à la base la plus radicale de son électorat.
Pour l'illustrer, M. Birenbaum explique qu'il "suffisait [...] d'écouter les auditeurs "lâchés" [...] dans les émissions leur tendant le micro pour comprendre que la présidente du Front National n'avait pas parlé dans le vide".
Sauf que ce constat est à mon avis largement orienté parce que :
- sur un pays de 60 millions d'individus, on en a trouvé plusieurs dizaines entièrement d'accord avec la fille Le Pen ? Trop dingue, la Révolution Bleu Marine est définitivement en marche, il est grand temps que je me rase la barbe et que je pense à dire à mes parents de brûler d'urgence mon chèche du lycée !
- pour étayer sa "stratégie du ricochet", M. Birenbaum explique qu'il a trouvé plein d'autres exemples de propos soutenant Le Pen sur les réseaux sociaux. Que les réac' soient plus facilement entendus de nos jours ne signifie pas qu'ils soient plus nombreux qu'avant. Il y aura toujours des xénophobes, et il en y aura sans doute plus avec l'accroissement naturel de la population, sans qu'il y ait forcément matière à s'affoler...
- pour reprendre sa métaphore du café du commerce, on entend toujours que ceux qui parlent, jamais ceux qui s'en foutent ou qui n'y vont pas. Une photographie sociologique prise seulement à partir de Likes Facebook ou de recherches Twitter orientées me paraît un poil présomptueuse.
- d'ailleurs, si M. Birenbaum était venu sur ma TL il aurait vu l'exact inverse de ce qu'il décrit. Juste pour effectivement illustrer comme il le dit que les "choses sont toujours plus compliquées"...
- enfin, le FN a besoin dans sa stratégie de dédibolisation d'une neutralité des médias, voire de leur connivence. Le fait qu'ils parlent de dérapage quand Mme Le Pen demande des comptes à des gens qui ont vécu l'enfer pendant des mois à cause d'une barbe trop longue me paraît être plutôt justifié et sain. Et constituer effectivement un "couac" dans la stratégie du FN.
Qu'on secoue plus souvent le conseiller énarque de Mme Le Pen (http://www.rue89.com/zapnet/2013/10/30/soudain-chez-ardisson-discours-fn-limmigration-secroule-247074), que l'on s'intéresse un peu plus aux relations avec le GUD ou aux finances du parti (http://www.mediapart.fr/journal/france/291013/l-impossible-menage-du-front-national) et on verra si la dédiabolisation se porte toujours aussi bien...
Résumons : M. Birenbaum pense que les médias se sont à nouveau loupés en taxant la sortie de la fille Le Pen sur les otages libérés de "dérapage". S'appuyant sur son travail de thèse étalé dans les années 1980-1990, il explique qu'en réalité le FN a toujours eu cette stratégie double : d'un côté on s'adapte au jeu politico-médiatique pour avoir des tribunes, de l'autre on "dérape", mais sciemment, pour donner des gages à la base la plus radicale de son électorat.
Pour l'illustrer, M. Birenbaum explique qu'il "suffisait [...] d'écouter les auditeurs "lâchés" [...] dans les émissions leur tendant le micro pour comprendre que la présidente du Front National n'avait pas parlé dans le vide".
Sauf que ce constat est à mon avis largement orienté parce que :
- sur un pays de 60 millions d'individus, on en a trouvé plusieurs dizaines entièrement d'accord avec la fille Le Pen ? Trop dingue, la Révolution Bleu Marine est définitivement en marche, il est grand temps que je me rase la barbe et que je pense à dire à mes parents de brûler d'urgence mon chèche du lycée !
- pour étayer sa "stratégie du ricochet", M. Birenbaum explique qu'il a trouvé plein d'autres exemples de propos soutenant Le Pen sur les réseaux sociaux. Que les réac' soient plus facilement entendus de nos jours ne signifie pas qu'ils soient plus nombreux qu'avant. Il y aura toujours des xénophobes, et il en y aura sans doute plus avec l'accroissement naturel de la population, sans qu'il y ait forcément matière à s'affoler...
- pour reprendre sa métaphore du café du commerce, on entend toujours que ceux qui parlent, jamais ceux qui s'en foutent ou qui n'y vont pas. Une photographie sociologique prise seulement à partir de Likes Facebook ou de recherches Twitter orientées me paraît un poil présomptueuse.
- d'ailleurs, si M. Birenbaum était venu sur ma TL il aurait vu l'exact inverse de ce qu'il décrit. Juste pour effectivement illustrer comme il le dit que les "choses sont toujours plus compliquées"...
- enfin, le FN a besoin dans sa stratégie de dédibolisation d'une neutralité des médias, voire de leur connivence. Le fait qu'ils parlent de dérapage quand Mme Le Pen demande des comptes à des gens qui ont vécu l'enfer pendant des mois à cause d'une barbe trop longue me paraît être plutôt justifié et sain. Et constituer effectivement un "couac" dans la stratégie du FN.
Qu'on secoue plus souvent le conseiller énarque de Mme Le Pen (http://www.rue89.com/zapnet/2013/10/30/soudain-chez-ardisson-discours-fn-limmigration-secroule-247074), que l'on s'intéresse un peu plus aux relations avec le GUD ou aux finances du parti (http://www.mediapart.fr/journal/france/291013/l-impossible-menage-du-front-national) et on verra si la dédiabolisation se porte toujours aussi bien...
Les deux exemples détaillés sont intéressants.
Elle est pas trop mal cette petite incursion statistique des Decodeurs, qui dressent grâce à des données précises le portrait du quartier où a eu lieu cet effroyable fait divers contre un jeune homme rom.
Après une petite discussion sur Twitter, l'échantillon pour les revenus par unité de consommation a été analysé aux petits oignons, en écrémant au préalable le premier décile (les dix premiers pourcents de l'échantillon) et le neuvième décile (les dix derniers pourcents de l'échantillon), et ce pour éviter que des valeurs trop extrêmes trahissent la photographie de l'ensemble.
Très bon réflexe, qui mérite d'être souligné !
(via @decodeurs)
Après une petite discussion sur Twitter, l'échantillon pour les revenus par unité de consommation a été analysé aux petits oignons, en écrémant au préalable le premier décile (les dix premiers pourcents de l'échantillon) et le neuvième décile (les dix derniers pourcents de l'échantillon), et ce pour éviter que des valeurs trop extrêmes trahissent la photographie de l'ensemble.
Très bon réflexe, qui mérite d'être souligné !
(via @decodeurs)
Les faiblesses des modèles prédictifs en quelques arguments bien sentis par la sociologue Zeynep Tufekci. Elle taille un chouette costard au modèle utilisé par Five Thirty Eight, qui avait estimé que le Brésil avait près de deux chances sur trois de l'emporter face à l'Allemagne, or le score s'est terminé à 7-1 en sa défaveur...
Les faiblesses de ce modèle ? Elles sont assez limpides d'après Zeynep Tufekci :
- l'absence de marges d'erreur. Non seulement balancer une prédiction comme une certitude n'est pas franchement humble, mais ça augmente en plus les probabilités de se planter à l'arrivée
- la non consultation d'un expert. Même en maîtrisant plus ou moins les statistiques, des données sur des domaines spécialisés peuvent renfermer des pièges que l'on ne détectera jamais par immanence. Dans l'idéal, il convient donc de trouver un ou des experts capables de critiquer avec un regard aiguisé le traitement que l'on vient d'appliquer. C'était d'ailleurs l'un des conseils de ce post pour pratiquer le journalisme de données en presse locale : http://blog.m0le.net/2014/05/24/neuf-conseils-pour-pratiquer-le-journalisme-de-donnees-en-presse-locale/
- la négligence du facteur humain : contrairement aux gaz ou aux températures, les actes des êtres humains ne sont pas tous prévisibles, en particulier dans un événement ponctuel comme une Coupe du monde
(via @albertocairo)
Les faiblesses de ce modèle ? Elles sont assez limpides d'après Zeynep Tufekci :
- l'absence de marges d'erreur. Non seulement balancer une prédiction comme une certitude n'est pas franchement humble, mais ça augmente en plus les probabilités de se planter à l'arrivée
- la non consultation d'un expert. Même en maîtrisant plus ou moins les statistiques, des données sur des domaines spécialisés peuvent renfermer des pièges que l'on ne détectera jamais par immanence. Dans l'idéal, il convient donc de trouver un ou des experts capables de critiquer avec un regard aiguisé le traitement que l'on vient d'appliquer. C'était d'ailleurs l'un des conseils de ce post pour pratiquer le journalisme de données en presse locale : http://blog.m0le.net/2014/05/24/neuf-conseils-pour-pratiquer-le-journalisme-de-donnees-en-presse-locale/
- la négligence du facteur humain : contrairement aux gaz ou aux températures, les actes des êtres humains ne sont pas tous prévisibles, en particulier dans un événement ponctuel comme une Coupe du monde
(via @albertocairo)
Voilà qui devrait calmer les FAF que l'on voit piailler perpétuellement au "grand remplacement" : un grand "non" à sept idées reçues sur l'immigration, qui ont malheureusement la vie dure. C'est sourcé, très clair et limpide. Bref, merci @decodeurs <3 !